1945 à 1980
Renaissance et Trente Glorieuses

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1945 à 1980

La fin de la guerre libère de nouveaux espoirs, et avec eux, le retour du stade olympique Yves-Du-Manoir sur le devant de la scène sportive. De l’après-guerre jusqu’au début des années 1970, il redevient le temple du sport français. C’est dans son enceinte que se jouent les matchs du XV de France, les grandes rencontres internationales d’athlétisme ou encore les finales de la Coupe de France de football.

Finale du tournoi olympique de football, Uruguay contre Suisse 1924

Récit d’un jour de match du Tournoi des Cinq Nations à Colombes

Après la Seconde Guerre mondiale, le stade olympique Yves-du-Manoir redevient pendant près de 30 ans le centre du sport français. Football, rugby, athlétisme… S’y déroulent les finales de la Coupe de France de football, celle de la Coupe d’Europe des clubs champions de 1969 entre l’Ajax Amsterdam et le Benfica Lisbonne, ou les matchs du XV de France.

Antoine Blondin, écrivain et journaliste français reconnu, ne manquait pas une occasion de se rendre à Colombes. Passionné de rugby, il était particulièrement attentif aux rencontres du XV de France.

Sous son pseudonyme Tenorio, il partageait régulièrement ses analyses, comme pour la rencontre France – Pays de Galles, dernier match du Tournoi des Cinq Nations de 1965 :

«Dès l’ouverture du Tournoi des Cinq Nations, il apparut que le 27 mars 1965 marquerait une date capitale. Il se trouve qu’effectivement, c’en fut une mais pas pour les raisons que l’on croyait. L’équipe de France de rugby, au retour d’une tournée triomphale en Afrique du Sud, se promettait d’accomplir le Grand Chelem, qui consiste à vaincre les quatre autres formations du tournoi. Quand le 27 mars pointa sur le stade de Colombes, c’était le Pays de Galles, d’ores et déjà assuré de la victoire dans le tournoi et paré du titre fictif de « champion d’Europe » qui postulait à son tour au Grand Chelem. La France n’avait plus rien à gagner dans cette aventure, mais tout à perdre d’un prestige sévèrement entamé, un mois plus tôt, à Twickenham, où la Grande Armée de Crauste avait connu son Waterloo, morne pelouse.»

Ce jour-là, la France s’impose 22 à 13, privant le Pays de Galles du Grand Chelem.
Dans sa chronique, l’écrivain ajouta :

«Un soleil, par lui-même providentiel, des tribunes archicombles, un terrain velouté, des maillots pimpants, tous les accessoires radieux de rugby ne suffisent pas à expliquer l’après-midi de lumière que les nôtres dédièrent à leur sport. Les rencontres France-Galles de rugby offrent par tradition un caractère de virilité forcenée.»

1945 à 1980

Jusqu’à l’avènement du nouveau Parc des Princes, c’est à Colombes que s’écrivent les plus grandes victoires. Beaucoup de champions y jouent leur destin, comme l’ont fait avant eux les joueurs olympiques. Les plus grands foulent sa pelouse ou sa piste d’athlétisme : ils s’appellent Zatopek, Mimoun, Pelé ou encore Colette Besson. 

Emil Zatopek, coureur de longue distance de Tchécoslovaquie, 1951

Le stade Yves-du-Manoir est délaissé par le Tournoi des Cinq Nations et la Coupe de France de foot au profit du Parc des Princes.

Le champion du monde argentin des poids moyens, que s’apprête à affronter en ce mois de juin 1972 Jean-Claude Bouttier à Colombes, a beau n’avoir guère forcé son talent, il lui aura suffi d’un simple contre pour mettre au tapis son sparring-partner du jour ! Face au champion d’Europe français, son challenger, dont le cœur et la simplicité ont déjà conquis tout le pays, Monzón a quelque chose de sauvage et d’ambigu. “Champion construit» contre «champion d’instinct», lit-on dans la presse, «ange» contre «démon» : tout y passe, avec la complicité plus ou moins volontaire de l’énigmatique homme de la pampa… Pour le stade Yves-du-Manoir, délaissé depuis peu par le Tournoi des Cinq Nations et la coupe de France de football au profit du Parc des Princes, l’événement est de taille. En témoigne le nombre de personnalités installées près du ring le soir du combat.   

Sur l’immense plancher protégeant la pelouse du combat de boxe, de nombreuses personnalités. Ici, le couple glamour Mireille Darc et Alain Delon, là, Omar Sharif et Yul Brynner, plus loin Jean-Paul Belmondo. Sans oublier les représentants du pouvoir politique où l’ambassadeur d’Argentine côtoie Raymond Marcellin et Jacques Baumel, ministres d’un gouvernement Chaban-Delmas sur le départ. 

Récit du combat de boxe entre Bouttier et El Macho à Colombes

Lorsqu’à 21h20 les deux boxeurs montent sur le ring, les cris des 25 000 spectateurs font trembler les tribunes du vieux stade olympique. Après les hymnes, un «Allez Bouttier» rageur se répercute jusqu’aux oreilles des millions d’auditeurs, qui s’apprêtent à suivre la rencontre en direct et en exclusivité sur RTL. Visiblement crispé par l’enjeu, Jean-Claude Bouttier a bien du mal à se libérer. Il faut attendre la fin de la troisième reprise pour le voir décocher deux crochets du gauche à la face de Monzón.

Pas de quoi pourtant remettre en cause la supériorité du champion du monde argentin qui, sur une droite, envoie le Français au tapis dans la sixième reprise. Fidèle à sa réputation, El Macho repart, bombant le torse, s’installer dans son coin. Compté «8» par l’arbitre, Bouttier se relève, piqué au vif.

La suite appartient à la légende de la boxe : «Tel le lion blessé, raconte Raymond Meyer dans L’Équipe du lendemain, il s’élance, insouciant à présent des énormes risques encourus, il se jette sur le champion à corps perdu, s’engage dans une bataille féroce dont sa survie est l’enjeu… Un espoir fou monte de la foule qui gronde son enthousiasme et sa joie avec une telle force qu’on ne s’entend plus respirer…» . Ébranlé par cette charge féroce, Carlos Monzón regagne son coin en titubant. Mais pour Bouttier, qui a largement puisé dans ses réserves, la récupération est tout aussi difficile.

S’étiolant au fil du combat, blessé à l’œil au cours du dixième round, le Français finit par rendre les armes à l’appel de la treizième reprise sur décision de son manager, Jean Bretonnel. «C’est loupé» titrera sobrement Le Parisien libéré du lendemain, reprenant l’expression du champion d’Europe des moyens. Un combat revanche sera bien organisé un an plus tard à Roland-Garros, mais jamais plus Jean-Claude Bouttier ne passera aussi près d’un titre mondial, que dans cette sixième reprise héroïque disputée dans la douceur du printemps parisien… 

1980 à 2022 Des activités tout terrain ces quarante dernières années